Deux décennies. Voilà le temps qu’il aura fallu à la très conservatrice série Pokémon pour s’aventurer véritablement sur console de salon. Cela dit, la Nintendo Switch s’apparente davantage à une transportable, de même que ces volets Let’s Go s’avèrent être des remakes des tout premiers opus en noir et blanc (ou plutôt du Jaune en l’occurrence), déjà revisités sur Game Boy Advance. Le studio Game Freak viserait-il ainsi à surfer, tel Pikachu, sur le succès de la mouture mobile, ou à faire évoluer singulièrement la formule, comme Evoli ?

Pas évident a priori de reconnaître la première épopée de Pokémon, entre l’épatante cinématique d’introduction, la représentation en trois dimensions assez sommaire (mais au rendu cartoon résolument adéquat dans la lignée de la saga) et les somptueuses réorchestrations symphoniques des célèbres musiques. D’autant qu’à l’exception des cut-scenes, la caméra conserve sa vue aérienne d’antan, qui ne se rapproche que pour laisser admirer les frimousses rebondies de nos chères créatures, plus mignonnes que jamais. À commencer par Pikachu ou Evoli, les deux compères attitrés de ces versions, dont les différences ne se limitent qu’à un trio de Pokémon exclusifs. Il suffit cependant d’un regard plus appuyé pour déceler les multiples références aux crus 8-16 bits, qu’il s’agisse des illustrations ostensiblement pixellisées des items et des bestioles, ou de la structure quasi identique de cet univers intégralement remodelé en polygones. Et si la Nintendo Switch remplace la (Super) NES dans la chambre du nouveau héros, dorénavant très copain avec son rival, la trame scénaristique n’a guère changé mis à part ces twists aux allures de clins d’oeil.

L’intrigue n’a quasiment pas changé, certains dialogues non plus…

Attrape Gogo ?

Cela n’empêche pas de ressentir une agréable impression de fraîcheur en se glissant à travers les hautes herbes, bercées par le vent, car en sus des dresseurs tapis sur le chemin, les Pokémon sauvages sont dorénavant visibles. Exit donc les rencontres aléatoires. De quoi simplifier la traque des plus rares, susceptibles d’apparaître à tout instant, surtout que la méthode pour les attraper se modernise aussi, suivant celle déjà éprouvée de Pokémon Go. Plus besoin de systématiquement les affronter pour les affaiblir au préalable, mieux vaut les amadouer avec des fruits, puis essayer de les attraper en lançant une Poké Ball au moment opportun, avec une subtile question de timing et de visée, gyroscope et accéléromètre à l’appui. Ainsi, le maniement s’effectue soit en mode portable, soit avec un Joy-Con, ou éventuellement via la fameuse manette “Poké Ball Plus”, qui compense son manque d’ergonomie par sa compatibilité avec le cru mobile et la possibilité d’y transporter un Pokémon. Un rêve devenu réalité pour les fans grâce à ses effets lumineux, ses sons et ses vibrations ; toutefois ces configurations de contrôle à une main offrent d’autres perspectives plus intéressantes.

Le lancé de Poke-Ball s’effectue simplement avec un bouton en mode portable.

Go en duo !

Un second joueur peut en effet venir en renfort rien qu’en secouant le deuxième Joy-Con, ce qui constitue une aide non négligeable, pour ne pas dire disproportionnée. Au delà du jet d’un duo de Poké Balls en simultané, synonyme d’une probabilité de capture doublée, notre camarade de soutien multiplie également par deux le nombre de Pokémon au combat, sans que la teneur de l’adversité n’en soit modifiée. Cette approche s’inscrit dans une philosophie conviviale matérialisée d’emblée par le recours au partenaire Pokémon, que l’on a loisir de cajoler (en gros plan sur l’écran) et de relooker à l’instar de son personnage, histoire de solidifier cette relation qui permet quelquefois de profiter de bonus ou de réaliser des attaques dévastatrices. En outre, leur apprentissage de l’ensemble des fameuses techniques spéciales accélère l’exploration de la région Kanto, a fortiori en chevauchant certains compagnons Pokémon ou aux côtés d’autres susceptibles de dénicher des objets cachés. L’accessibilité est indéniablement de mise, de sorte que les néophytes ou les dresseurs aguerris (re)découvrent l’aventure en douceur, une vision chère à son directeur Junichi Masuda.

Le Pokémon partenaire reste perché sur le héros, doté de moult privilèges..

Tout de Go

Mine de rien, ce retour aux origines, voire à l’essentiel, avec un cheptel moins intimidant de Pokémon (les 151 de la première génération étoffée des formes d’Alola), dans un monde à taille plus humaine et plus ouvert qu’en apparence, se révèle vraiment salutaire. Un côté facilitant que soulignent encore les nombreuses informations explicatives distillées astucieusement, et l’intégration de myriades d’améliorations du gameplay intervenues au fil des épisodes pour fluidifier les choses, à l’image des principes de partage de points d’expérience. Mention spéciale ici à l’option qui autorise à renommer ses Pokémon à l’envi, directement dans le menu. Idem pour les déplacements en vol, accessibles par le biais de la carte. Le challenge demeure néanmoins présent, nonobstant la polyvalence élémentaire d’Evoli en particulier, presque capable à lui seul de venir à bout de la campagne principale (sans parler des potentiels monstres élevés dans Pokémon Go, fort heureusement soumis aux restrictions des badges), puisque les défis les plus exigeants se situent après l’épilogue, où les tacticiens émérites trouveront des adversaires à leur mesure.

La gâchette permet d’accélérer les combats, façon Pokémon Stadium.

StratéGo

En témoignent les dresseurs “experts” associés à leur Pokémon de prédilection, parfois assortis de quêtes annexes. Ceux-ci demandent d’entraîner spécifiquement un Pokémon de la même espèce, gavé idéalement de précieux bonbons afin de maximiser ses caractéristiques – une vocation majeure du lien avec Pokémon Go en plus du stockage des troupes dans le Go Park, adossé à la zone safari de jadis – et ce sans la moindre ressource tirée du sac une fois la bataille lancée. Autrement dit, il faut vaincre l’un de ces érudits à la loyale pour chacun des membres du Pokédex, une sélection méticuleusement optimisée des pouvoirs déterminant par conséquent l’issue des hostilités, avec de glorieux titres à la clef afin de parader lors des parties multijoueur. L’inclusion des Méga-Évolutions, décidément surpuissantes, parait d’ailleurs aussi destinée fondamentalement à la facette compétitive. Les échanges et les confrontations se déroulent en connexion locale ou en ligne, un programme certes rudimentaire, mais pourtant toujours efficace malgré le retour anachronique de pseudo-codes amis. Reste à espérer que Meltan et Melmetal, des “solides” inédits, ne squattent pas toutes les équipes comme les Mew et Mewtwo à l’époque. Et ça, seul l’avenir le dira.

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